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WHO’S HOA ? BADREDDINE OUALI, L’ENTREPRENEUR-DINOSAURE

WHO’S HOA ? BADREDDINE OUALI, L’ENTREPRENEUR-DINOSAURE

Le PDG de Vermeg ne se contente pas de diriger une entreprise fleuron de la Tunisie. Il s’engage également auprès des jeunes et de la société.

A 57 ans, Badreddine Ouali est un dinosaure. C’est lui qui le dit, pas nous : « Je suis l’un des plus vieux entrepreneurs de première génération, c’est ça l’effet dinosaure ». Le fondateur et PDG de Vermeg refuse, par contre, d’être qualifié de « gourou ». Il a pourtant une grande influence auprès des jeunes startuppers. Et pour cause : il n’est pas avare en conseils.

« Je reçois beaucoup de sollicitations et c’est parfois compliqué d’y répondre, mais je m’astreins à réserver 5 à 6 heures par semaine pour discuter avec des jeunes qui ont des projets. C’est un rituel normal dans le secteur des technologies », affirme le philanthrope en déplacement en Allemagne lors de notre interview. Même au téléphone, avec une connexion défaillante, son enthousiasme se fait sentir : «  Les jeunes Tunisiens ont plein d’idées ! Encore récemment, j’ai été contacté par un garçon – il a peut-être 20 ans – qui veut changer la façon dont les émigrés envoient de l’argent à leur famille. Il veut régler un problème mondial ! Je trouve cela fabuleux. A son âge, je ne visais pas si haut. Ma génération préférait rentrer dans un parti politique ». Le chef d’entreprise note « En Allemagne, tout marche bien : le tri des déchets, les trains, les taxis… Avoir 18 ans ici, c’est un challenge : il faut trouver ce qu’on peut améliorer. Alors qu’en Tunisie, les possibilités sont infinies. » 


Après la révolution, Badreddine Ouali s’est engagé dans le « réseau entreprendre » qui coache des jeunes pendant 3-4 ans, le temps de mettre en place leur projet. Il a développé le programme, en dehors de la capitale, dans sept villes tunisiennes et contribué à créer 200 entreprises. Le père de deux enfants s’est également investi dans une fondation, « Plutôt que d’agir en individu, je me suis dit qu’il fallait une grosse structure pour mener à bien de gros projets, comme une entreprise. Après la révolution, nous avons vu beaucoup d’argent affluer et les structures manquaient pour la mise en place » Tunisie pour le développement » qui travaille dans le secteur de la santé – notamment en lien avec l’hôpital de la Manouba -, de la formation des jeunes dans les 10 chefs lieux les plus pauvres du pays grâce au programme Alif, et à la promotion du site Tunisie auprès des entreprises internationales. Pas question d’insinuer que ce travail devrait être celui de l’Etat : « Dans tous les pays du monde, il y a le secteur public, le privé et un espace pour les fondations. Historiquement en Tunisie, cette troisième dimension était le parent pauvre. Les citoyens peuvent faire autre chose que de payer des taxes. »


Pour en arriver là, le fils de fonctionnaires a vécu « un concours de circonstances ». Après un baccalauréat en mathématiques, Badreddine Ouali s’est envolé pour la France où il a fait maths sup/math spé puis l’Ecole des Mines, sans trop savoir ce qu’il voulait faire dans la vie. Devenu directeur général de Diagram, il est licencié après le rachat de la société de service en ingénierie informatique par France Telecom. « Je me suis dit que j’allais appliquer mes idées dans ma propre entreprise », explique celui qui n’avait que 27 ans à l’époque. Il fonde alors BFI (Banque Finance Investissement). « Je ne savais pas grand chose, j’ai appris sur le tas. C’était tout l’inverse de ce que je conseille aujourd’hui aux jeunes. » Le succès de BFI, devenu « singe savant dans les journaux et lieu de passage privilégié lors de visites de chefs d’Etat » attire les proches de Ben Ali avec qui Badreddine Ouali s’entend mal. Il préfère quitter la boîte, « c’était la seule solution ». Il crée ensuite Vermeg, éditeur de logiciel pour les assurances et les banques, dont le QG se trouve à Amsterdam. « Mais cela reste une entreprise tunisienne avec 1 200 salariés en Tunisie sur un total de 1 700 », tient à souligner le chef d’entreprise pour qui la Tunisie reste son pays, son domicile et l’objet de tous ses engagements.

Paru dans Hoa