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Tech – La bataille des hubs : Tunis, la force créatrice

Tech – La bataille des hubs : Tunis, la force créatrice

Tunis se distingue par l’excellence de sa formation et par son Startup Act, voté à la fin de 2018, qui offre aux jeunes pousses technologiques un environnement législatif unique.

Parmi les avantages accordés à ces jeunes sociétés tunisiennes figurent l’exonération de l’impôt sur les sociétés, mais aussi de leurs charges salariales et patronales, payées par l’État, la dispense des procédures d’homologation et de contrôle technique à l’importation, ou encore le droit de disposer librement d’un compte en devises.

Les professionnels du secteur s’accordent tous pour affirmer que la révolution de 2011 a joué un rôle essentiel : « Sans elle, il n’aurait pas été imaginable que le ministre des TIC de l’époque, Noomane Fehri, rassemble l’administration et les entrepreneurs pour penser ensemble le Startup Act », affirme Nader Bhouri, conseiller au ministère des TIC.

Depuis mars, 126 sociétés ont reçu le label leur accordant allègements fiscaux, congés payés pour créer une start-up, fonds de garantie pour les investisseurs, etc. « Le texte facilite la vie de l’écosystème. Au Maroc, on paie 35 % d’impôt sur les sociétés, comme les entreprises classiques, et il est très lourd de créer ou de dissoudre une start-up », compare Salma Kabbaj, dirigeante de l’accélérateur marocain Impact Lab, qui vient d’ouvrir une filiale à Tunis.

Plus de 1 200 entreprises pour 100 000 emplois

Logique, donc, que plusieurs multinationales phares du secteur – notamment Microsoft, HP et Orange – soient présentes dans la capitale tunisienne, qui leur offre en outre de bonnes infrastructures. La connexion mobile est la deuxième meilleure du continent, selon Speedtest Global Index. Bien que trois fois moins peuplée que le Maroc, la Tunisie compte 43 incubateurs et structures d’accompagnement, contre 25 pour son rival maghrébin.

« TUNIS FAIT OFFICE D’EXCEPTION EN AFRIQUE »

Le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) représente en Tunisie pas moins de 1 200 entreprises, 100 000 emplois et autour de 7 % du PIB, avec une croissance de 7,5 % par an. Chaque année, près de 10 000 ingénieurs nouvellement diplômés, issus de l’université ou de cursus innovants, rejoignent ses rangs.

« Tunis se démarque par le niveau de formation de ses ingénieurs en informatique et par la libération des énergies et de la créativité depuis la révolution. À ce titre, Tunis fait office d’exception en Afrique », se félicite Neila Benzina, dirigeante de la Holberton School Tunis, dont l’enseignement repose sur un apprentissage du codage sans professeur. Il reste toutefois, selon elle, deux grands obstacles à lever : le code des changes, qui empêche de payer librement en ligne en devises étrangères, et l’accès aux financements.

« Les fonds d’investissement se comptent sur les doigts d’une main, et le statut de business angel n’existe pas », regrette Amel Saidane, cofondatrice de l’association Tunisian Startups. La dirigeante pointe aussi l’État, qui ne réserve pas assez de marchés publics aux start-up nationales. Salma Kabbaj déplore, elle, un manque de synergies entre les grandes entreprises et le tissu des start-up : « Je dirais que Tunis a deux ans de retard sur Casablanca en matière d’innovation collaborative », estime-t-elle.

Greenhouse de Tunis : un espace collectif pour faire éclore les idées

Deloitte a ouvert en septembre sa « Greenhouse » (« serre » en français) dans ses bureaux de la capitale tunisienne situés au cœur du quartier d’affaires des Berges du lac. L’espace, premier du genre pour le groupe en Afrique – il en a ouvert auparavant en Europe, en Amérique, en Asie et en Océanie –, accueille des start-up comme des grands groupes de la zone francophone. Son objectif : concevoir, tester et échanger sur de nouveaux produits ou services avec l’appui de consultants de Deloitte mais aussi des autres entreprises présentes.

Paru dans Jeune Afrique