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[Etude EY] L’écosystème start-up peu touché par le confinement… pour le moment

[Etude EY] L’écosystème start-up peu touché par le confinement… pour le moment

Le confinement n’a pas stoppé les levées de fonds, révèle une étude EY publiée début septembre. Si les sommes levées sont en recul de 3%, il faut rappeler que l’année 2019 était exceptionnelle. Surtout, on observe que les premiers tours de table restent très attractifs. Ainsi que les grosses levées, où les investisseurs ont été très sélectifs.  

Selon que l’on est pessimiste ou optimiste, on portera un regard différent sur le baromètre du capital risque élaboré par EY pour le premier semestre de 2020. Avec un recul de 3 % de la valeur des sommes levées, le recul est patent, mais reste relativement faible quand on se souvient que cette période correspond à la période du confinement et des incertitudes qui lui succédèrent, en France et dans de nombreux pays d’Europe. Surtout, c’est bien plus qu’au premier semestre de 2018, 2017, 2016 ou 2015. 

POUR 100 BRIQUES, TU PEUX ENCORE INVESTIRCe sont donc 2,7 milliards d’euros qui ont été levés en France entre janvier et juin 2020 (1). Plus encore que ce montant, c’est le nombre d’opérations recensées par EY qui frappe : 360. C’est dire que s’il y a eu un ralentissement, on ne peut pas parler, loin s’en faut, d’un coup de frein brutal. D’ailleurs l’opération moyenne est de 7,5 millions d’euros, quand la plus grosse levée atteignait sur la période 182 millions d’euros (Ecovadis).

Parmi les enseignements de cette étude, on notera, avec Franck Sebag, associé chez EY, que “le nombre de tours supérieurs à 100 millions d’euros n’a jamais été aussi important depuis la création de ce baromètre“. 5 opérations ont dépassé ce seuil symbolique au premier semestre de 2020 (contre 4 un an plus tôt) pour un montant global levé de 694 millions d’euros (contre 576) ce qui représente une croissance en valeur de 20% ! 

L’ATTRAIT POUR LA NOUVEAUTÉ DEMEURE
L’analyse par degré de maturité est particulièrement intéressante pour ce semestre exceptionnel. Les premières levées dites “seed” ont sensiblement augmenté. En un an, on est passé de 107 (au premier semestre de 2019) à 141 opérations pour un montant total évoluant de 103 à 237 millions d’euros. L’argent ne manquait pas pour financer les nouveaux projets.

En revanche, ce qui se passe pour les séries A B ou C est beaucoup plus ambigu. Pour les premières, le nombre d’opérations de refinancement est en forte chute passant de 178 à 134, mais le montant total investi dans ces levées croît vraiment : 509 millions au premier semestre de 2019 et 578 pour les six premiers mois de 2020.

Pour les séries B, le nombre d’opérations est quasi constant (57 et 58) mais le montant est en chute libre, passant de 842 à 500 millions d’euros. Enfin, pour les séries C, on note une évolution où le nombre d’opérations chute nettement (il est divisé par 2 passant de 41 à 22) mais le montant total investi reste quasi stable, si bien que le ticket moyen augmente nettement : il était de 18,5 au 1er semestre de 2019 et dépasse désormais les 30 millions. 

DEUX STRATÉGIES FACE AU RISQUE ?
Cela semble indiquer que pendant le premier semestre, les investisseurs ont changé fortement leur préférences. Ils ont soit misé de petits “tickets” sur des jeunes pousses et pris des risques relativement mesurés en raison du montant investis par opération. Ou alors ils ont mis beaucoup d’argent sur des  entreprises qui avaient déjà prouvé la validité de leur positionnement et de leur modèle économique. Participer à un tour de table de plus de 100 millions d’euros, c’est prendre un risque finalement mesuré. Tout se passe comme si qu’il y avait deux façons de réduire son risque en temps troublé : miser un peu dans des potentialités ou signer un gros chèque pour voler vers le succès avant qu’il ne soit trop tard.

Le baromètre confirme la centralisation des levées de fonds dans la région parisienne : la” start-up nation” reste très centralisée comme le vieux pays. 73% des montants levés et 57% des opérations concernent des start-ups franciliennes. Enfin, pour ceux qui ont l’orgueil national sensible, le baromètre d’EY classe la France deuxième en Europe, derrière le Royaume-Uni mais devant l’Allemagne.

L’intégralité de l’étude et son commentaire par Franck Sebag peut être consultée ICI

(1) Les opérations recensées dans ce baromètre ont eu lieu précisément entre le 1er janvier et le 20 juin 2020 et publiées avant le 8 juillet. il s’agit des opérations de financement en fonds propres. 

Paru dans l’usine digitale