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Ces jeunes fintechs qui misent sur le durable

Ces jeunes fintechs qui misent sur le durable

Dans le domaine des services bancaires les alternatives simples et durables restent rares. Helios, Green-Got et OnlyOne, trois néobanques veulent répondre à cette demande.
« Nous faisons partie de la génération des 25-30 ans qui sait qu’elle va subir les effets de la crise climatique » partage Maud Caillaux en racontant la genèse de Green-Got une néobanque qui propose un compte bancaire 100% décarboné. « Alors que nous faisons beaucoup d’efforts dans notre vie quotidienne pour réduire notre impact, l’argent que l’on met à la banque finance l’inverse : un monde très carboné », affirme-t-elle. Cette contradiction espère trouver prochainement une résolution grâce à de nouvelles offres bancaires durables comme celles de Green-Got mais aussi d’autres start-up qui se lancent comme Helios et OnlyOne. Bilan carbone des achats des clients, financement de projets à forte valeur sociale et écologique, transparence, les propositions ne manquent pas pour assurer leur positionnement « durable ».

Pour ces fintechs le défi est de taille : faire sortir la finance éthique de son marché historique et l’amener vers le grand public. Pour cela elles veulent allier l’intégrité et la transparence des banques dites «éthiques» – comme La Nef ou le Crédit Coopératif, duo de tête dans les classements d’Oxfam – à la simplicité de souscription et d’utilisation des néobanques comme Lydia ou N26.

Ces trois fintechs, qui revendiquent des milliers de pré-inscrits, lanceront toutes leurs offres dans les mois qui viennent.

Portées par un même objectif, ces offres diffèrent cependant

C’est Helios, qui le 23 février a ouvert le bal. « Nous avons eu 1000 demandes d’ouvertures de compte en 24h », affiche Julia Ménayas, la cofondatrice. À mi-chemin entre la banque et la néobanque, la fintech dit travailler « sans intermédiaire », en direct avec Solarisbank un acteur technologique allemand titulaire d’une licence bancaire. Ce prestataire permet à Helios de s’assurer une pleine indépendance : « nos dépôts ne sont pas dans le bilan de Solarisbank, ils sont complètement isolés de son activité », assure la jeune entrepreneuse. Cet argent sera ensuite investi selon une liste contenant des exclusions précises (parmi elles charbon, gaz, pétrole ou gaz de schiste).

Pour le moment, Helios ne propose qu’un compte courant. En revanche, Green-got et OnlyOne si elles, ne sont pas encore lancées, comptent proposer un produit d’épargne dans leurs offres.

En plus de la possibilité d’épargner de façon durable, ces deux fintechs souhaitent accompagner le consommateur dans la réduction de son impact carbone. Ainsi, des algorithmes analysent les achats des clients et les traduisent en émissions : « Cela fait 2 ans que l’on travaille sur le projet ce qui nous permet d’être indépendants sur notre technologie », relève Kamel Naït-Outaleb, fondateur d’OnlyOne.

Mais si ces néobanques aspirent à «changer le monde», elles restent bien marginales à l’heure actuelle. Kamel Naït-Outaleb, souligne l’importance de faire bouger les lignes en interne, au sein des grandes banques françaises : « avant qu’OnlyOne ou Helios atteignent les 100 millions d’euros, il va falloir du temps et ce n’est rien à côté des milliards investis par les banques ».

Des innovations qui doivent encore faire leur preuve

Pour Claire Calmejane, directrice de l’Innovation du groupe Société Générale ces jeunes pousses doivent encore faire leur preuve : « chez ces néobanques nouvelles générations on parle beaucoup des succès mais il y a aussi de nombreux échecs ».

Pour autant, elle regarde ces innovations avec intérêt : « à la Société Générale, ces sujets ont été suivis très tôt avec notamment l’acquisition de Lumo en 2018 » – une plateforme de crowdfunding qui permet d’investir dans des produits renouvelables – ou celle de Treezor la même année, qui fournit aux néobanques (dont OnlyOne) des solutions de Banking as a Service (BaaS).

Au-delà de ces acquisitions, l’évolution du cadre réglementaire force les grandes banques comme la Société Générale à prendre à bras-le-corps ces sujets : « il y a au niveau de la BCE une volonté d’aller vers cette économie verte ». Le mouvement d’ensemble semble être impulsé chez les acteurs traditionnels comme chez les nouveaux venus. « Différents angles se matérialisent, dans l’intérêt de tous » conclut Claire Calmejane.

Paru dans Le Figaro